mercredi 10 janvier 2007

perdu

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PERDU
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Si tu n’enlèves pas la poussière qui voile l’éclat perdu de ta pureté,
tu ne pourras pas ouvrir ta maison à ton univers perdu



Tu tournas autour de la Kaaba de l’absolu :
sous le même toit
tu découvris Satan et ton Dieu perdu



Ne cherche point dans ces contrées dépourvues d’idéal :
ce n’est que dans le sommeil du néant
que tu retrouveras ton utopie perdue.



Dans cette nuit qui vit l’étoile quitter son orbite,
nuit dans laquelle tu es égaré,
pourquoi chercher ainsi ton Guide perdu ?



Et toi,
ô canari triste
qui offrit ton cœur à l’exil,
à l’oreille de quelle âme offriras-tu ton chant perdu ?



Sur ces chemins noyés dans le vacarme,
au milieu de la plaine de la folie,
quelle âme solitaire penses-tu toucher avec tes mélodies perdues ?



Ce sera toujours la vieille histoire du cri,
de la montagne et du retour de l’écho,
si jamais tu entends sortir d’une pierre ta voix perdue.



Que le chant de ta passion sonne encore plus fort
depuis les sommets de la poésie,
maintenant qu’est retrouvée ta solitude perdue


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
Traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane :
http://msahar.blogspot.com/2006/10/blog-post.html

l'homme c'est toi!

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L’HOMME , C’EST TOI !
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la mosquée devenue foyer d’esbroufe détruisons l’autel
Sanaï Ghaznavi
(poète et mystique persan de 12ème siècle)
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Ô toi mon existence frappe le nom amour sur le bras de mon âme
ô mon cœur frappe le gong de la caravane, éternellement


Quand ton avilissement terrestre vient du ciel
frappe le bouclier du ciel de ton cri de fureur


Quand le Coran devient pour toi un piège, avec une mâchoire d’acier
prends-le et expédie-le dans le cratère du volcan


Quand tes entraves découlent des interprétations des verset
frappe sur la gueule des tisserands de tes chaînes


Quand pour te piller on fait de l’étendard de la religion une potence
de ta hampe frappe à la tête ton bourreau et le gardien de l’échafaud


Quand la mosquée devient le repaire du Gardien pillard
arrache la pierre du pilier et frappe le Gardien


Si tu n’es ni souris de laboratoire ni expérience
frappe avec force l’expérience et l’expérimentateur


Quand la maison devient la scène du désordre né de l’ignorance
frappe au cœur le trouble et rase son foyer


Pour arracher les ronces et déraciner les chardons
gémit avec le nuage et frappe avec l’eau de la gouttière


C’est la liberté et son chemin bicentenaire inachevé
lève-toi et, dans cette caravane, frappe le tambour de l’action


Ceux qui sont passés avant nous ont aplani la route pour notre passage
comme ceux qui se sont en allés frappe la terre pour que passent ceux qui ne sont pas encore passés


L’homme, c’est toi, le temps, c’est toi et le ciel c’est toi
frappe le temps d’un signe de Dieu issu de toi-même


Que ton cœur dise à ta tête : raisonne avec expérience
Que ta tête dise à ton cœur : frappe avec jeunesse


Si tu veux, pour faire ton pain, dans le mortier de la détresse
frappe par la main de Mélancolie deux ou trois grains d’orge déguisés en blé


Si tu veux, vas-y, sur le champ d’azur du ciel coupe la lune en deux
et frappes-y pour fixer un arc-en-ciel


Car il n’y a que du vent, quand l’illusion est ton maître
du pied de la raison frappe sur le corps de l’illusion et des chimères


Que la raison te commande et que l’art te conduise aux rives de la sécurité
frappe sur les remparts qui protègent l’ignorance, la haine, le désordre


Si ta main ne parvient pas à empoigner la masse de guerre de Rostam
frappe sur les tablettes de la vérité une inscription pleine de force


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:
http://msahar.blogspot.com/2006/08/blog-post_115663055892468293.html

mardi 9 janvier 2007

L'il qu'est ton errance

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L’ÎLE QU’EST TON ERRANCE




Toi, qui à chaque souffle, t’éloigne de toi, si tu connaissais un autre chemin vers toi
tu quitterais en vitesse l’île qu’est ton errance, même le tendon d’Achille coupé

Tu ne voudrais brûler au bord de la mer la barque que tu ne construis pas
Si tu connaissais le mystère qui te visse à ce lieu sombre où tu demeures

Tant que tu hantes l’abîme tu es en vie mais déjà enterré
tu vois donc pareillement la paix et la discorde, pareillement tu perçois l’amour et la haine

Face à un miroir, faute d’un juge, pas un instant tu ne t’étonnes
de prendre le mal d’une catastrophe pour un bien et pour un mal ce que les faits ont de bien

Moi, je suis toi ; toi, moi ; nous, eux ; et ton Moi est incapable de dire
pourquoi tu prends l’argent d’autrui pour du cuivre et ton fer pour de l’or

Sans hardiesse et sans bras, sans four ni balance,
sans un morceau d’étain ni de laiton, tu prétends connaître l’alchimie par cœur

Tel un moine, dans le temple du temps tu aspires à te prosterner devant ton ego
tu trouves donc le salut et la liberté dans l’adoration de tes convictions

Des convictions qui, dans ton âme, ont avec haine attaché tes pieds à la pierre
C’est la jalousie de cet égareur du désert, ce pirate que tu prends pour guide

Face au flambeau de la conscience, même le tendon d’Achille coupé, sans accompagnateur
tu quitterais en vitesse l’île qu’est ton errance si tu connaissais un autre chemin vers toi
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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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verrsion persane:

jeudi 4 janvier 2007

c'est la nuit

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C’EST LA NUIT
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C’est la nuit et encore mon cœur se serre à l’envie de te voir
chaque instant passé loin de toi vaut mille lieues

Je ne sais pas d’où tu viens ni qui est dans ton regard
ce que je sais c’est que la voix de ton cœur est mélodieuse

L’amphore de l’amour est sur la main et la maison est derrière le mirage
fais attention, car la pierre est le jouet du temps

Je jure sur l’âme de l’amie que notre part de ce temps aux couleurs mimétiques
est un être dépourvu de couleur

Sur le chemin de l’existence notre seule faute est d’être
le serviteur de la liberté et de la culture

Tu es le soleil et nous, nous sommes pour la paix avec toi
même si nous sommes en guerre contre la nuit qui s’éternise

Luis comme un miroir car, par ces temps, tout ce qui reste pour moi
c’est un être perdu dans la poussière et la rouille

Ne braque pas tes yeux sur le seuil des dieux
car, en dehors du temple de l’amour, il n’est qu’hypocrisie

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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:
http://msahar.blogspot.com/2006/08/blog-post_25.html
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La soif

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LA SOIF
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Assoiffé, j’ai creusé dans le désert de tes yeux
j’ai trouvé une source dans un champ de verdure


Propre et nu, un soleil aux rayons verts
jetait son cœur à la mer et embrasait l’eau

Dans ton regard avec la lumière de la paix
il y avait un vin ivre et plaisant

Toi, dont la rencontre est un printemps agréable,
dont les yeux font jaillir un miel délectable,

Nous sommes des âmes assoiffées et tes yeux le tavernier
Remplis notre coupe de ce miel bienfaisant

Le regard rivé à ton regard
et ayant appris un mot de Movlawi...

Nous sommes assoiffés et ivres de tes yeux :
Plutôt que de chercher de l’eau, procure-toi la soif
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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:

En attente de soi

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EN ATTENTE DE SOI:::::::
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à Syrus Ariyanpour::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
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Je ne suis pas le lion qui fait face à l’ennemi:::::::::::::::
Il me suffit de faire face à moi-même :::::::::::: :::::::::::
Rûmi ::::::::::
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De même que je suis le pirate et la sentinelle de ma propre voie
Je suis mon propre protecteur et ma propre proie




Je suis le paradis de ma propre sérénité
pillée par mon propre vent pillard




Je suis le souffle de l’esprit de l’automne
au sein de mon propre printemps




Je suis ma propre croix,
je suis ma propre couronne d’épines



Je suis mon propre Jésus,
mon propre souverain




Qui suis-je ?
Un être usé ligoté à un corps
Que suis-je ?
Un être brisé
consolateur de mon propre moi




Je suis ma propre corde,
mes propres frères
et mon propre Joseph
De quoi me plaindre,
si je suis au fonds de mon propre puits ?




Je suis mon propre assaut,
ma propre ruine
et mon propre château fort
Je suis un cavalier perdu dans ma propre poussière




Tantôt droit dressé sur le sommet de mon propre moi
Tantôt enfoui au plus profond de ma propre enceinte




De même qu’il existe en moi
un moi porteur de la foi en l’inimitié




Je ne suis ni l’ennemi de mon ennemi
ni l’ami de mon propre moi




Je suis la présence de mon propre Messie
au fond du puits de ma propre occultation




Depuis des millénaires
j’attends mon propre moi



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Mohammad Djalali (M. Sahar)
Traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna


Version persane :
http://msahar.blogspot.com/2007/01/blog-post_04.html

mercredi 3 janvier 2007

La lettre

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LA LETTRE
à ma mère




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Toi ma mère, mère-amour, mon exil
sans ta présence n’était qu’absence

Cet éloignement — une vie qui s’écoulait —
n’était pourtant pas pour moi la vie

Rapide elle galopait, la vitesse pour monture ;
en un clin d’œil la jeunesse n’était plus

Ce moi éloigné de moi était ta pureté
qui n’était autre que le porteur du miroir de mon rêve

Assoiffés de la douceur de ton regard
mon cœur et mon âme n’étaient cependant jamais assouvis

Sans toi les instants joyeux n’étaient pour moi
qu’un château sans jour, qu’une bulle

La mémoire ensoleillée de mon enfance
n’était que poussière au soleil

La magie de ma lune — ce voyageur du ciel —
ne coulait pas avec le chant de l’eau

Privé de ton souffle chaleureux, privé de ton giron, nul instant
n’échappait à la peur ni à l’angoisse

C’eût été un voyage effrayant si
la mémoire de ton amour n’avait pas été mon écuyer

Le mauvais œil du temps m’eût assassiné si
les vœux que tu formais pour moi n’avaient pas été exaucés

Bien que je sois la cible des souffrances et des rancunes
je suis invulnérable, puisque tu me nommes

Toi ma mère, mère-amour, toi fidélité-fondement
que jamais ne soit refusée à ton ombre protectrice de se souvenir de moi
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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:

lundi 1 janvier 2007

Le ghazal de la liberté

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LE GHAZAL DE LA LIBERTÉ

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en souvenir de Farrokhi Yazdi


Face au sang versé par des générations pour prix de la liberté,
que vaut la tête que depuis des siècles on dépose aux pieds de la liberté ?

Pour pouvoir enfin libérer leur corps des chaînes des océans
les vagues amoureuses usent les rochers en quête de la liberté

Je suis infidèle aux dieux, et même si le monde s’effondre
je n’ouvrirai la porte qu’au dieu de la liberté

Je ne veux plus une goutte de sang dans les canaux de mes veines ;
qu’un torrent de sang fasse tourner le moulin de la liberté

L’ennemi ne tirera pas profit de ce qu’il brise ;
les ailes de Simorgh* sont jalouses des ailes de la liberté

Toi, noyé dans l’effroi : le gouffre s’étend sans limite
quand on n’est pas initié à la nage de la liberté

Dans cette nuit si terrifiante, transforme ton âme en flambeau dans les ténèbres
ce n’est pas sans danger que luit la clarté de la liberté ;

Comme Farrokhi, frappe du plectre la harpe des beaux poèmes
pour que le chant du cœur s’élève avec le chant de la liberté

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* Dans la tradition mazdéenne, oiseau mythique qui a élevé Zal, le père de Rostam, et a été le gardien de sa dynastie. La figure symbolique de Simorgh a été reprise dans la mystique persane post-islamique, notamment par le poète Attar Neyshabouri (voir Le discours des oiseaux)..


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna

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Version persane:

http://msahar.blogspot.com/2006/10/blog-post_11.html

Désert


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DÉSERT







dans notre monde terrestre on ne trouve pas d’homme
il faut bâtir un nouveau monde et de nouveau un autre homme

Hâfez

Ce monde est un désert, ô gazelle des prairies
tu parcours la soif



C’est un désert qui a perdu ses rives, gare à toi !
dans ta soif, que le mirage ne t’abuse pas



Ne cherche ni végétation ni fleurs là où sévit la sécheresse
face à l’hiver, ne dis pas : voilà le printemps



Jardins, forêts et leur nature désertique
déploient la jeunesse à travers leur vieillesse



Ô combien d’épines se déguisent en roses
pour faire jaillir de la gorge du rossignol un cri enthousiaste



Bien que ce chant naisse de l’amour
la fourberie déshonore cet amour



Ne bois pas de la ciguë à la place d’un nectar délectable
Ne bois pas cette coupe de haine ; brise-la



Car quelque part un serviteur de la haine a souillé de poison
la coupe que te tends le tavernier



Ce monde est un désert et ce jardin d’apparences
n’a d’autre jardinier que l’hypocrisie



Ce monde est un désert et si tu cherches la justice
tu ne trouveras que l’injustice d’un Palais aux fondations bancales



Car le Premier Architecte n’a fait reposer ce Palais
que sur la pierre de l’injustice



Toi, fais en sorte qu’une autre fois
un autre Architecte bâtisse un monde nouveau


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:
http://msahar.blogspot.com/2007/01/blog-post.html