mardi 23 décembre 2008

CELA AUSSI PASSERA

Cela aussi passera




Comme les nuits millénaires, cela aussi passera
ce temps si amer,
cela aussi passera
Pauvres voix du roseau du pâtre de ce champ de sel,
ces “ohé ! ohé !” des tristes mélodies, cela aussi passera
Cette ciguë archaïque
qui se déverse par cruches dans la gorge des assoiffés,
cela aussi passera
Ces fontaines de sang printanier qui jaillissent
de l’œil des sources de la terre, cela aussi passera


Si la brûlure de la haine a consumé les entrailles de l’amour,
à travers le cœur de la haine,
le sabre de l’amour lui aussi passera
Cette faux de la saison de la mort qui s’abat sur l’idée de verdure
pour trancher le cou du religieux moissonneur, par là aussi passera


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traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna

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Version persane : cliquez ici!

vendredi 14 septembre 2007

Si tes yeux...........................................................


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SI TES YEUX .....................................................................

Si tes yeux, faits pour l’amitié, me reconnaissaient
tes mains, créatrices de mélodies, me feraient devenir trouvère
Au galop, ton image pour monture, le cavalier de la passion
me fera devenir messager des terres d’amour
Grâce au désir de te voir, amie, je suis devenu autre
permets que ton regard me fasse devenir encore plus autre
Permets que l’ombre que tu dispenses et ma quiétude
me fassent devenir joyeux à la vue des rayons du flambeau de l’Est
Jamais mon âme ne s’habituera à l’étroitesse de la cage
même si, par pitié, notre temps épargnait mes ailes
Toi, ciel d’amour, déverse-toi sur mon cœur
pour que le prodige du devenir autre me fasse devenir autre
Toi, plein d’affection, ceci est ma flamme et ta main
ne permets pas que le vent me fasse devenir la risée des rues et des terrasses
De ces baisers qui s’épanouissent sur les lèvres du soleil
Envoie-m’en un, temple du feu, pour qu’il me fasse devenir cendre




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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna

samedi 28 juillet 2007

Ô VOUS LES AMOUREUX

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dédié aux vivants du Jardin de fleurs de Khavaran
et des autres jardins de fleurs*

Ô VOUS LES AMOUREUX

Ô vous les amoureux qui n’êtes plus, vous êtes un cri étranglé
vous êtes des fleurs non épanouies mais que le vent a emportés

Ils vous ont assassinés, brûlés, brisés mais
le soleil est témoin que jamais vous n’êtes morts

« Jamais ne meurt celui dont le cœur est revivifié par l’amour »**
car vous avez confié votre trace au livre de l’existence

Vous êtes des poèmes, mille recueils, mais non entendus
vous êtes mille cieux d’étoiles non contemplées

Vous êtes un viatique : pour l’enthousiasme et la sérénité
comme d’un miroir vous avez balayé la poussière des cœurs

Que grâce au cri de votre mémoire la justice soit grandie
Ô vous les amoureux qu’a frappés le poignard de l’injustice
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* Dès la fin de la guerre entre l’Iran et l’Irak (septembre 1980 – août 1988),
le régime islamique iranien a exécuté des milliers d’opposants politiques
emprisonnés, dont quelque quatre mille cinq cents ont été identifiés et répertoriés.
Leurs corps ont été enterrés à Khavaran, un quartier de la périphérie de Téhéran.
La vox populi a nommé ce cimetière Golzar Khavaran, ce qui signifie
“Jardin de fleurs de Khavaran”.
Les noms des victimes déjà identifiés se trouvent ici :
A , A-E , E-G , H-J , K-M , N-R , R-T , V- Z

** Il s’agit du premier hémistiche d’un vers célèbre
de Hâfez de Shiraz (XIVe siècle) :

« Jamais ne meurt celui dont le cœur est revivifié par l’amour
« Notre persistance est inscrite sur le livre de l’univers ».

Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna
Version persane:
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Pour écouter ce poème dans le mode
"Korde Bayat", chanté par: Ali Tehrani:

samedi 21 juillet 2007

lapidation



j’ai écrit ce poème contre
............................la coutume déshonorante de la lapidation ;
......................................c’est pourquoi je le dédie aux êtres épris d’amour
..............................................assassinés au nom de cette tradition vile et inhumaine


LAPIDATION

De ta main tu jettes la pierre sur ton propre corps
Crève donc pauvre cloche ! car tu jettes la pierre sur ta propre tête
Tu es un assassin aux ordres du juge religieux, et tu l’ignores
même si tu jettes la pierre sous l’emprise de tes propres convictions
L’iniquité a placé la pierre de la haine dans ta main et
c’est à l’ombre de ton propre oppresseur que tu jettes la pierre
C’est une moitié de ton être qu’on assassine
regarde : tu jettes la pierre contre cette moitié de toi-même ?
Dans le spectacle de la lapidation, cette pierre que tu lances
est une pierre jetée sur l’honneur de ta mère

Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna

Vresion persane:
http://msahar.blogspot.com/2007/06/blog-post_24.html



Pour écouter ce poème dans le mode

"Avaze Korde Bayat" chanté par: Ali Tehrani

cliquez ici

Quand viens-tu?


.......après avoir appelé ma mère
et entendu cette phrase
..........répétée depuis vingt-huit ans



QUAND VIENS-TU ?


Ô toi qui a quitté le pays, quand viens-tu ?
Dans cette attente, je dépéris ; quand viens-tu ?
Par la fenêtre, tant de fois j’ai vu passer
le printemps sans que tu arrives ; quand viens-tu ?
Chaque recoin de chez nous est une ville faite de tes souvenirs
pour visiter ces traces, quand viens-tu ?
C’est moi qui t’a mis au monde, ton berceau est ma couche.
Alors, à ce rendez-vous, quand viens-tu ?
T’ai-je mis au monde pour que ces brutes perverses
t’éloignent de moi ? Quand viens-tu ?
T’ai-je mis au monde pour que le dard de la séparation
transperce à chaque instant mon cœur ? Quand viens-tu ?
T’ai-je mis au monde pour sacrifier à l’exil
de si longs mois, de si longues années ? Quand viens-tu ?
Je te veux, ô toi que l’on a arraché de moi
Devant Dieu, réponds-moi : Quand viens-tu ?


Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna


Version persane

http://msahar.blogspot.com/2007/06/blog-post_03.html

pour écouter ce poème dans le mode

"Mahour" , chanté par : Ali Tehrani

cliquez ici:

http://svr76.ehostpros.com/~songsd76/songsdaily/songs/020607.rm

ou

http://svr76.ehostpros.com/~songsd76/songsdaily/songs/020607.mp3










lundi 11 juin 2007

Ton ombre

Ton ombre


Ton ombre ne me lâche pas un seul instant
On dirait qu’à part toi personne ne m’appelle
Tu es ma lune et mon soleil du soir et du matin, de sorte que
même pendant le sommeil le nuage ne me sépare pas de toi
J’ai une douleur secrète et je sais que sauf la chaleur de ton souffle
aucune flamme ne peut y porter remède
Sur la voie de la sérénité, j’ai ressenti que sauf
ton miroir rien ne me plonge dans la sérénité
L’objet de ma quête serait-il en toi ?
Serait-ce pour cela que la raison ne s’en mêle pas ?
Pour ne pas subir les injustices de notre temps
je voudrais attacher à mon bras un talisman fait de l’espoir de ton amour
Je suis heureux que tu sois heureuse
bien que, hormis tes mains et tes bras, rien ne me rende heureux
Si ma nature engendre ce ghazal c’est grâce à toi
car aucune autre passion ne me plonge ainsi dans la ferveur et le chant
..............................................................................
Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna
Version persane:

jeudi 7 juin 2007

Abandonnez -moi



ABANDONNEZ-MOI


la mémoire de Sadegh Hedayat
et de Gholamhossein Saedi




Amis, à cette mi-chemin, abandonnez-moi
et quand je serai totalement perdu, alors appelez-moi
Cherchez-moi, dites-moi et chantez-moi
faites-moi devenir chant, mélodie, musique
Rappelez-moi les moments où j’étais avec vous
faites que je sois l’un des vôtres lors des rencontres
Apportez des fleurs, versez-les et allumez du feu
Je suis le cuivre antique, faites de moi la pierre philosophale
Écrivez les discours et soufflez dans les trompettes
faites de moi la devise de votre drapeau, l’emblème de votre étendard
Ne laissez-pas en état de manque votre dieu assoiffé
Sacrifiez-moi au seuil du temple
De la honte du jour où vous m’avez vendu au diable
maintenant sur ma terre faites-moi devenir dieu
Lâchez-moi pour que la fureur me lâche
faites-moi haïr la fureur et initiez-moi à l’amour
Parce que ma vie avait ses racines dans l’arrachement
Je suis plus arraché que le Moi ; arrachez-moi de moi
Pour respecter cette chère vie qui a rejoint le néant
Laissez-moi côtoyer la grandeur du rien et du néant
Que le passé soit contre moi et que l’avenir soit avec vous
Amis, à cette mi-chemin, abandonnez-moi

......................................................................
Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna

Version persan:

http://msahar.blogspot.com/2006/08/blog-post_115668956763283790.html

Ciel d'amour




CIEL D’AMOUR



Toi, ciel d’amour, déverse-toi sur mon cœur
pour que la stérilité ne foule pas ma récolte
car je bourgeonne, ce sont les graines de l’amour
car je suis le compagnon de la vigne et non la racine de halahel
je suis la plante arrachée de son champ
par des mains malveillantes, ignorantes
Le vent pillard m’a ainsi emportée sur les champs d’autrui
sur l’autre rive, loin de la brise et de son ombre
De mes ongles j’ai gratté la terre sèche et le souvenir
du printemps m’a gardée vivante dans un désert mortel
Toi, passant, qui piétine cette tige
n’imagine jamais que je néglige ta négligence
Ne pense jamais que c’est un simple caprice insensé
si je me suis mise à croître aux abords de ta maison
C’est grâce au rêve d’immortalité que j’ai enfoncé dans la terre
des racines qui remontent au temps des origines
Voilà, c’est moi, une plante, un œil et un coin
Toi, ciel d’amour, déverse-toi sur mon cœur
..............................................................................

Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna
Version persane :

dimanche 11 mars 2007

Éveillez-vous !

Éveillez-vous !

À la paix...
...................................................
et pour Ahmad Batebi, vaillant enfant d’Iran
...............
« Il y a le feu dans un coin de la maison
Ohé ! Agissez par vous-même, puisque c’est chez vous !»

....................................................Ali Akbar Dehkhoda*


Il est temps de quitter ce sommeil de plomb
À nouveau, émergez de ce sommeil de plomb
Brisez la chaîne des superstitions qui vous entoure le corps
Balayez les fléaux et émergez dignement
Vous êtes envoûtés par le mirage et votre langue est clouée par l’illusion
Ohé ! Brûlez la sorcellerie et émergez de l’illusion
Tout ce vacarme religieux n’est là que pour vous piller
Émergez des griffes du pillard malfaisant
Tel l’esprit de l’aube, ne subissez pas les ténèbres du tyran
Telle la clarté, émergez de la terrasse de la nuit noire
Fuyez le piège et allez vers l’action
Insurgez-vous contre l’ignorance et faites émerger votre verbe
Encore une fois le feu s’est abattu sur cette maison
Tel Siavash**, émergez du feu, avec la maison
Depuis longtemps vous êtes le jouet entre les mains de Lucifer, le Maudit
Tel Dieu, émergez de la malédiction de cette époque
Votre Iran était votre existence d’Homme
Vous existez !... si vous émergez de la souillure de la fange
Ô consciences endormies, ô raisons mortes de cette terre
Émergez du lit de la mort pour l’éveil et la connaissance
Ne vous désintégrez pas ainsi ; vous êtes votre propre Messie
Vous êtes un ensemble ; émergez tel un ensemble innombrable
Pour que vous dansiez joyeusement sur les ossements de la tyrannie
Conscients et libres, émergez des liens de la tyrannie
L’avenir de vos enfants est entre les mains d’un voleur
Ohé ! émergez tel un barrage sur la route du voleur scélérat
Ce n’est pas la religion ; ce n’est pas Dieu ; ce n’est que prétexte ; ce n’est que prétexte
Rasez ce château-fort et émergez de ces ruines
Vous êtes comme un sot égaré, car vous êtes l’écuyer de Ghoul***
Émergez conscients de vous, en vous, avec vous
Ce n’est pas un droit que de mourir dans l’humiliation
Faire émerger le droit, c’est combattre l’humiliation
Votre cri est un chant à la paix du monde
Libres, émergez dans la rue, et chantez
S’il n’y a pas de liberté il n’y a pas d’espoir pour l’Homme
Faites émerger votre aide pour les gens épris de liberté


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* Ali Akbar Dehkhoda (1879-1956) : poète, écrivain, linguiste, journaliste, encyclopédiste et homme politique iranien, très connu et très respecté dans son pays.
** Prince mythologique persan, fils du roi Kavous, symbole de l’innocence, du bien et de la pureté.
*** Dans la mythologie persane Ghoul est un esprit malfaisant qui égare les voyageurs dans le désert en leur faisant voir des mirages d’eau.

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Mohammad Djalali (M. Sahar)
Paris, 23.II.2007

traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna

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Version persane:
http://msahar.blogspot.com/2007/02/blog-post_24.html

mardi 6 février 2007

Ma panthère sauvage


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MA PANTHÈRE SAUVAGE



Ma panthère sauvage, pourquoi chercher des prétextes ?
Pourquoi te plains-tu à chaque instant de ton époque ?
Il ne te reste plus aucune trace des vallées ni des montagnes
Pourquoi cherches-tu des traces de ce qui ne laisse pas de trace ?
Pourquoi, tel l’éclat de pierre de chagrin lancé par une illusion qui détruit l’âme,
comme un boomerang, te retournes-tu sans cesse contre ta propre tête ?
Tu regardes la lune ; elle te regarde en étranger
Pourquoi t’élances-tu vers elle et t’éloignes ainsi de toi ?
Les pleurs de ton saule ont été volés par le vent des pleurs
Pourquoi alors ce désir de peigner sa chevelure évanouie
Tu vois que la plaie ouverte par la hache de la haine brise l’arbre de ta jeunesse.
Pourquoi continues-tu alors de faire pousser des rejets… ?
Toi, ma panthère sauvage pourquoi adresses-tu de bonnes nouvelles
au sommeil de gens imperméables aux nouvelles
C’est la nuit. Que feras-tu dans l’obscurité nocturne
si les champs blanchâtres de l’aube ne te donnent pas la lampe et le miroir ?
Les champs blanchâtres de l’aube sont la grandeur de ta flamme
Laisse-les s’enflammer. Pourquoi chercher des prétextes ?

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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna

VERSION PERSANE:

http://msahar.blogspot.com/2006/09/blog-post_19.html

mercredi 10 janvier 2007

perdu

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PERDU
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Si tu n’enlèves pas la poussière qui voile l’éclat perdu de ta pureté,
tu ne pourras pas ouvrir ta maison à ton univers perdu



Tu tournas autour de la Kaaba de l’absolu :
sous le même toit
tu découvris Satan et ton Dieu perdu



Ne cherche point dans ces contrées dépourvues d’idéal :
ce n’est que dans le sommeil du néant
que tu retrouveras ton utopie perdue.



Dans cette nuit qui vit l’étoile quitter son orbite,
nuit dans laquelle tu es égaré,
pourquoi chercher ainsi ton Guide perdu ?



Et toi,
ô canari triste
qui offrit ton cœur à l’exil,
à l’oreille de quelle âme offriras-tu ton chant perdu ?



Sur ces chemins noyés dans le vacarme,
au milieu de la plaine de la folie,
quelle âme solitaire penses-tu toucher avec tes mélodies perdues ?



Ce sera toujours la vieille histoire du cri,
de la montagne et du retour de l’écho,
si jamais tu entends sortir d’une pierre ta voix perdue.



Que le chant de ta passion sonne encore plus fort
depuis les sommets de la poésie,
maintenant qu’est retrouvée ta solitude perdue


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
Traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane :
http://msahar.blogspot.com/2006/10/blog-post.html

l'homme c'est toi!

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L’HOMME , C’EST TOI !
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la mosquée devenue foyer d’esbroufe détruisons l’autel
Sanaï Ghaznavi
(poète et mystique persan de 12ème siècle)
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Ô toi mon existence frappe le nom amour sur le bras de mon âme
ô mon cœur frappe le gong de la caravane, éternellement


Quand ton avilissement terrestre vient du ciel
frappe le bouclier du ciel de ton cri de fureur


Quand le Coran devient pour toi un piège, avec une mâchoire d’acier
prends-le et expédie-le dans le cratère du volcan


Quand tes entraves découlent des interprétations des verset
frappe sur la gueule des tisserands de tes chaînes


Quand pour te piller on fait de l’étendard de la religion une potence
de ta hampe frappe à la tête ton bourreau et le gardien de l’échafaud


Quand la mosquée devient le repaire du Gardien pillard
arrache la pierre du pilier et frappe le Gardien


Si tu n’es ni souris de laboratoire ni expérience
frappe avec force l’expérience et l’expérimentateur


Quand la maison devient la scène du désordre né de l’ignorance
frappe au cœur le trouble et rase son foyer


Pour arracher les ronces et déraciner les chardons
gémit avec le nuage et frappe avec l’eau de la gouttière


C’est la liberté et son chemin bicentenaire inachevé
lève-toi et, dans cette caravane, frappe le tambour de l’action


Ceux qui sont passés avant nous ont aplani la route pour notre passage
comme ceux qui se sont en allés frappe la terre pour que passent ceux qui ne sont pas encore passés


L’homme, c’est toi, le temps, c’est toi et le ciel c’est toi
frappe le temps d’un signe de Dieu issu de toi-même


Que ton cœur dise à ta tête : raisonne avec expérience
Que ta tête dise à ton cœur : frappe avec jeunesse


Si tu veux, pour faire ton pain, dans le mortier de la détresse
frappe par la main de Mélancolie deux ou trois grains d’orge déguisés en blé


Si tu veux, vas-y, sur le champ d’azur du ciel coupe la lune en deux
et frappes-y pour fixer un arc-en-ciel


Car il n’y a que du vent, quand l’illusion est ton maître
du pied de la raison frappe sur le corps de l’illusion et des chimères


Que la raison te commande et que l’art te conduise aux rives de la sécurité
frappe sur les remparts qui protègent l’ignorance, la haine, le désordre


Si ta main ne parvient pas à empoigner la masse de guerre de Rostam
frappe sur les tablettes de la vérité une inscription pleine de force


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:
http://msahar.blogspot.com/2006/08/blog-post_115663055892468293.html

mardi 9 janvier 2007

L'il qu'est ton errance

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L’ÎLE QU’EST TON ERRANCE




Toi, qui à chaque souffle, t’éloigne de toi, si tu connaissais un autre chemin vers toi
tu quitterais en vitesse l’île qu’est ton errance, même le tendon d’Achille coupé

Tu ne voudrais brûler au bord de la mer la barque que tu ne construis pas
Si tu connaissais le mystère qui te visse à ce lieu sombre où tu demeures

Tant que tu hantes l’abîme tu es en vie mais déjà enterré
tu vois donc pareillement la paix et la discorde, pareillement tu perçois l’amour et la haine

Face à un miroir, faute d’un juge, pas un instant tu ne t’étonnes
de prendre le mal d’une catastrophe pour un bien et pour un mal ce que les faits ont de bien

Moi, je suis toi ; toi, moi ; nous, eux ; et ton Moi est incapable de dire
pourquoi tu prends l’argent d’autrui pour du cuivre et ton fer pour de l’or

Sans hardiesse et sans bras, sans four ni balance,
sans un morceau d’étain ni de laiton, tu prétends connaître l’alchimie par cœur

Tel un moine, dans le temple du temps tu aspires à te prosterner devant ton ego
tu trouves donc le salut et la liberté dans l’adoration de tes convictions

Des convictions qui, dans ton âme, ont avec haine attaché tes pieds à la pierre
C’est la jalousie de cet égareur du désert, ce pirate que tu prends pour guide

Face au flambeau de la conscience, même le tendon d’Achille coupé, sans accompagnateur
tu quitterais en vitesse l’île qu’est ton errance si tu connaissais un autre chemin vers toi
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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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verrsion persane:

jeudi 4 janvier 2007

c'est la nuit

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C’EST LA NUIT
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C’est la nuit et encore mon cœur se serre à l’envie de te voir
chaque instant passé loin de toi vaut mille lieues

Je ne sais pas d’où tu viens ni qui est dans ton regard
ce que je sais c’est que la voix de ton cœur est mélodieuse

L’amphore de l’amour est sur la main et la maison est derrière le mirage
fais attention, car la pierre est le jouet du temps

Je jure sur l’âme de l’amie que notre part de ce temps aux couleurs mimétiques
est un être dépourvu de couleur

Sur le chemin de l’existence notre seule faute est d’être
le serviteur de la liberté et de la culture

Tu es le soleil et nous, nous sommes pour la paix avec toi
même si nous sommes en guerre contre la nuit qui s’éternise

Luis comme un miroir car, par ces temps, tout ce qui reste pour moi
c’est un être perdu dans la poussière et la rouille

Ne braque pas tes yeux sur le seuil des dieux
car, en dehors du temple de l’amour, il n’est qu’hypocrisie

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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:
http://msahar.blogspot.com/2006/08/blog-post_25.html
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La soif

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LA SOIF
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Assoiffé, j’ai creusé dans le désert de tes yeux
j’ai trouvé une source dans un champ de verdure


Propre et nu, un soleil aux rayons verts
jetait son cœur à la mer et embrasait l’eau

Dans ton regard avec la lumière de la paix
il y avait un vin ivre et plaisant

Toi, dont la rencontre est un printemps agréable,
dont les yeux font jaillir un miel délectable,

Nous sommes des âmes assoiffées et tes yeux le tavernier
Remplis notre coupe de ce miel bienfaisant

Le regard rivé à ton regard
et ayant appris un mot de Movlawi...

Nous sommes assoiffés et ivres de tes yeux :
Plutôt que de chercher de l’eau, procure-toi la soif
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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:

En attente de soi

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EN ATTENTE DE SOI:::::::
:::::::::::
à Syrus Ariyanpour::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
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Je ne suis pas le lion qui fait face à l’ennemi:::::::::::::::
Il me suffit de faire face à moi-même :::::::::::: :::::::::::
Rûmi ::::::::::
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De même que je suis le pirate et la sentinelle de ma propre voie
Je suis mon propre protecteur et ma propre proie




Je suis le paradis de ma propre sérénité
pillée par mon propre vent pillard




Je suis le souffle de l’esprit de l’automne
au sein de mon propre printemps




Je suis ma propre croix,
je suis ma propre couronne d’épines



Je suis mon propre Jésus,
mon propre souverain




Qui suis-je ?
Un être usé ligoté à un corps
Que suis-je ?
Un être brisé
consolateur de mon propre moi




Je suis ma propre corde,
mes propres frères
et mon propre Joseph
De quoi me plaindre,
si je suis au fonds de mon propre puits ?




Je suis mon propre assaut,
ma propre ruine
et mon propre château fort
Je suis un cavalier perdu dans ma propre poussière




Tantôt droit dressé sur le sommet de mon propre moi
Tantôt enfoui au plus profond de ma propre enceinte




De même qu’il existe en moi
un moi porteur de la foi en l’inimitié




Je ne suis ni l’ennemi de mon ennemi
ni l’ami de mon propre moi




Je suis la présence de mon propre Messie
au fond du puits de ma propre occultation




Depuis des millénaires
j’attends mon propre moi



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Mohammad Djalali (M. Sahar)
Traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna


Version persane :
http://msahar.blogspot.com/2007/01/blog-post_04.html

mercredi 3 janvier 2007

La lettre

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LA LETTRE
à ma mère




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Toi ma mère, mère-amour, mon exil
sans ta présence n’était qu’absence

Cet éloignement — une vie qui s’écoulait —
n’était pourtant pas pour moi la vie

Rapide elle galopait, la vitesse pour monture ;
en un clin d’œil la jeunesse n’était plus

Ce moi éloigné de moi était ta pureté
qui n’était autre que le porteur du miroir de mon rêve

Assoiffés de la douceur de ton regard
mon cœur et mon âme n’étaient cependant jamais assouvis

Sans toi les instants joyeux n’étaient pour moi
qu’un château sans jour, qu’une bulle

La mémoire ensoleillée de mon enfance
n’était que poussière au soleil

La magie de ma lune — ce voyageur du ciel —
ne coulait pas avec le chant de l’eau

Privé de ton souffle chaleureux, privé de ton giron, nul instant
n’échappait à la peur ni à l’angoisse

C’eût été un voyage effrayant si
la mémoire de ton amour n’avait pas été mon écuyer

Le mauvais œil du temps m’eût assassiné si
les vœux que tu formais pour moi n’avaient pas été exaucés

Bien que je sois la cible des souffrances et des rancunes
je suis invulnérable, puisque tu me nommes

Toi ma mère, mère-amour, toi fidélité-fondement
que jamais ne soit refusée à ton ombre protectrice de se souvenir de moi
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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:

lundi 1 janvier 2007

Le ghazal de la liberté

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LE GHAZAL DE LA LIBERTÉ

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en souvenir de Farrokhi Yazdi


Face au sang versé par des générations pour prix de la liberté,
que vaut la tête que depuis des siècles on dépose aux pieds de la liberté ?

Pour pouvoir enfin libérer leur corps des chaînes des océans
les vagues amoureuses usent les rochers en quête de la liberté

Je suis infidèle aux dieux, et même si le monde s’effondre
je n’ouvrirai la porte qu’au dieu de la liberté

Je ne veux plus une goutte de sang dans les canaux de mes veines ;
qu’un torrent de sang fasse tourner le moulin de la liberté

L’ennemi ne tirera pas profit de ce qu’il brise ;
les ailes de Simorgh* sont jalouses des ailes de la liberté

Toi, noyé dans l’effroi : le gouffre s’étend sans limite
quand on n’est pas initié à la nage de la liberté

Dans cette nuit si terrifiante, transforme ton âme en flambeau dans les ténèbres
ce n’est pas sans danger que luit la clarté de la liberté ;

Comme Farrokhi, frappe du plectre la harpe des beaux poèmes
pour que le chant du cœur s’élève avec le chant de la liberté

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* Dans la tradition mazdéenne, oiseau mythique qui a élevé Zal, le père de Rostam, et a été le gardien de sa dynastie. La figure symbolique de Simorgh a été reprise dans la mystique persane post-islamique, notamment par le poète Attar Neyshabouri (voir Le discours des oiseaux)..


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna

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Version persane:

http://msahar.blogspot.com/2006/10/blog-post_11.html

Désert


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DÉSERT







dans notre monde terrestre on ne trouve pas d’homme
il faut bâtir un nouveau monde et de nouveau un autre homme

Hâfez

Ce monde est un désert, ô gazelle des prairies
tu parcours la soif



C’est un désert qui a perdu ses rives, gare à toi !
dans ta soif, que le mirage ne t’abuse pas



Ne cherche ni végétation ni fleurs là où sévit la sécheresse
face à l’hiver, ne dis pas : voilà le printemps



Jardins, forêts et leur nature désertique
déploient la jeunesse à travers leur vieillesse



Ô combien d’épines se déguisent en roses
pour faire jaillir de la gorge du rossignol un cri enthousiaste



Bien que ce chant naisse de l’amour
la fourberie déshonore cet amour



Ne bois pas de la ciguë à la place d’un nectar délectable
Ne bois pas cette coupe de haine ; brise-la



Car quelque part un serviteur de la haine a souillé de poison
la coupe que te tends le tavernier



Ce monde est un désert et ce jardin d’apparences
n’a d’autre jardinier que l’hypocrisie



Ce monde est un désert et si tu cherches la justice
tu ne trouveras que l’injustice d’un Palais aux fondations bancales



Car le Premier Architecte n’a fait reposer ce Palais
que sur la pierre de l’injustice



Toi, fais en sorte qu’une autre fois
un autre Architecte bâtisse un monde nouveau


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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http://msahar.blogspot.com/2007/01/blog-post.html

dimanche 31 décembre 2006

Les allumeurs de l'enfer

LES ALLUMEURS DE L’ENFER
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D’un sommeil de centaines de siècles ils sont venus
Ce sont les Sept Dormants
du fond de leur grotte ils sont venus


Ensevelis sous les siècles, dans les oubliettes de l’histoire
ils étaient cachés ; ils en sont venus

Ils sont la résurrection des ossements
qui gisaient dans les recoins sombres et aveugles
Du vieux cimetière des temps ils sont venus

Ils sont la pierre et la boue méprisables de Sodome détruite ;
ressuscités, du plus profond des décombres ils sont venus

Au moment du Déluge, ils furent chassés de l’arche de Noé
Aujourd’hui, comme créanciers du Timonier ils sont venus

C’est de la fausse monnaie de Decius,
l’argent qu’ils ont dans les mains
C’est pour acheter l’héritage de l’Homme qu’ils sont venus

Ils sont des broussailles, des chardons stériles
C’est en flairant ici les jardins sous lesquels coulent les ruisseaux qu’ils sont venus

Flanqués des accapareurs de bois de chauffe,
allumeurs de l’enfer,
Pour empêcher la vie de pousser,
la hache à la main,
dans la forêt ils sont venus

Contre toute source d’où jaillit un symbole de gaieté et d’amour
Telle une flamme, c’est en pyromanes de l’être qu’ils sont venus

Sur leurs lèvres le nom de Dieu est le message de la mort
Avec la potence et les commandements de l’omnipotence
ils sont venus

Ils sont abusés par l’ogre de l’Anti-Iran,
et c’est pour cela que,
bien qu’Iraniens,
en Mongols ils sont venus

Puisque déterminisme et dogmatisme les emprisonnent
Ils sont dépourvus de volonté,
même si c’est en prétendant jouir du libre-arbitre qu’ils sont venus

Ils sont soldats féroces de l’ignorance et de la tyrannie
C’est pour combattre la raison et la liberté qu’ils sont venus

Face à eux, rameau d’olivier au bec,
des cohortes de colombes amoureuses sont venues

Elles sont le chant de lumière qui s’élève sur les sommets du monde
C’est pour nier les fondements mêmes des ténèbres
qu’elles sont venues


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
Traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna


Version persane:
http://msahar.blogspot.com/2006/12/blog-post_09.html

samedi 30 décembre 2006

ô terre ne tremble pas

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Ô TERRE, NE TREMBLE PAS

en souvenir de ceux qui sont partis
et pour les rescapés du tremblement de terre de Bam

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Ton air m’a élevé ; ô terre, ne tremble pas

Depuis longtemps je suis ton intime ; ô terre, ne tremble pas
Ma maison s’effondre dans ta secousse
je suis ruiné par tes secousses ; ô terre, ne tremble pas


N’emporte pas avec toi vers la gueule de la mort ni l’enfant ni la mère ni l’ancêtre ni le père
tu m’en obligeras ; ô terre, ne tremble pas.


Si c’est la main facétieuse de dieu qui tient ton levier
je désespère de ton dieu ; ô terre, ne tremble pas


Même sans tes secousses l’univers est déjà un champ d’injustices
Pour autant que je suis à l’abri de ton injustice ; ô terre, ne tremble pas


Ô toi, sphère de terre, d’existences, de cris, d’amour, de douleur
Depuis toujours je te porte en moi ; ô terre, ne tremble pas


Dans ton giron, ô toi, mon berceau, ô toi ma mère, ô toi ma patrie
ma voix est éteinte et je suis ta voix ; ô terre, ne tremble pas


Eh ! Oh ! Terre, ne tremble pas car mon être tremble
C’est comme si j’étais à ta place ; ô terre, ne tremble pas


C’est mon âme que tu emportes vers la ruine
Bam est mon foyer et ma demeure, ô terre, ne tremble pas


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur , Éric Meyleuc et Pedro Vianna
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Version persane:
http://msahar.blogspot.com/2006/12/blog-post_3195.html

sans ou ni quand

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SANS OÙ NI QUAND




Je suis celui privé de temps
dans un espace qui ne m’appartient pas
Je suis un
passant-par-où
dans un où
qui ne m’appartient pas
Par où passai-je
pour que le quand
se fût perdu dans le où ?
Qu’il est vain de chercher le quand
dans un où
qui ne m’appartient pas
Qu’il est éloigné ce dieu auquel j’appartiens
Quelle terreur dans les trompettes de ce dieu qui ne m’appartient pas
Comme un poing chargé de cendre,
le poids de la dépendance m’assassine
Car,
à chaque instant,
j’inspire un air qui ne m’appartient pas
Quelqu’un au fin fond de moi
m’appelle à chaque instant
D’une voix qui est en moi,
mais qui ne m’appartient pas.




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Mohammad Djalali (M. Sahar)
Traduit du persan par l’auteur, Éric Meyleuc et Pedro Vianna


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Version persane:
http://msahar.blogspot.com/2006/12/blog-post_22.html

Ahmad Shah Massoud



pour le Brave du Panshir, Ahmed Chah Massoud

qui était l’incarnation de la lutte contre les ténèbres

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Notre époque n’était pas à l’unisson de ton esprit ardent.
Et pourtant, nul cyprès dressé le long du fleuve du temps ne t’égalait.



Toi, honneur des braves de notre temps,
Dieu est témoin qu’en ce temps nul ne te ressemblait.



Nul instant ne s’écoulait, ô toi, flamme des hivers,
Sans que ton cœur vaillant pensât au printemps.



Hurlons ! Car le tournoiement du temps suit l’orbite des ténèbres.
Et pourtant, nul ne portait comme toi le flambeau autour du cercle du temps.



Le monde aurait pu être un jardin de roses aussi élevé que tes desseins.
Et pourtant, la terre était ravagée par le fléau de la bassesse.



Et pourtant, le simoun, pyromane de l’enfer, faisait fondre la nature
Et, voyageur inlassable, traversait tes contrées.



Et pourtant, au nom de Dieu, Bamyan et Kaboul et Balkh,
Comme Kandahar, étaient la proie du loup enragé.



Ô toi, Rostam, toi, Abou Moslem, toi, Yakoub,
Ton martyre ne nous surprit nullement.



La pensée messagère traversa les montagnes de l’Hindoukouch,
Où nulle plante, où nulle fleur n’avait oublié de revêtir le deuil.



Aux plus hauts sommets de l’honneur, nulle tulipe radieuse
Ne manquait d’arborer la brûlure de la présence de ton absence.



Gloire à ton art ! Sur ta monture, tu traversas les tourments de notre temps.
Et pourtant, nul grain de poussière ne souilla ta cape.


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Mohammad Djalali (M. Sahar)
traduit du persan par l’auteur et Pedro Vianna
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Version persane:

vendredi 29 décembre 2006

Tems d'exil

à Pedro Vianna


Temps d’exil



Sans aucune amertume ni haine
Laissez-moi purger ma peine

Dans la prison de mes dires
Laissez mes rêves s’évanouir

Tout en vivant hors de ce temps
Laissez mes rêves voler au vent

Ce temps plat sans harmonie
Plein d’abîmes comblé de nids

Laissez-moi sur le rivage
Faire ma maison par les mirages

Faire ma maison aux murs têtus
Pleins de portes privés d’issue

Laissez courir dans toutes mes veines
Une solitude sans oxygène

Car après tout à l’heure qu’il est
Je ne suis qu’un exilé


M.Sahar
Paris , 13.9.1994